Forêt

L'IGN, vigie de la forêt

À l’heure de l’anthropocène et des changements rapides dans les territoires, les pressions exercées sur nos forêts sont multiples et croissantes. Sécheresses, canicules, épidémies ou incendies menacent en effet la bonne vitalité des peuplements, leur renouvellement et plus généralement le maintien des précieux services écosystémiques rendus par les forêts. Cette situation exige un suivi attentif du territoire pour être à même de concevoir, déployer et évaluer les politiques publiques qui permettront de limiter les effets du changement climatique et de soutenir la transition écologique.

Acquérir des données robustes et de qualité, les mettre en perspective, et fournir les outils de connaissance et de pilotage des politiques publiques : telles sont les missions de l’IGN, vigie de la forêt et producteur national des statistiques forestières. 

Au-delà de sa mission d’inventaire des ressources forestières d’inventaire, et que ce soit pour en consolider ses productions historiques ou développer de nouvelles informations et simulations, liées aux incendies par exemple, l’IGN relève quotidiennement un double défi scientifique et technique pour apporter des réponses très attendues par la société. 

L’inventaire forestier national

L’IGN travaille en partenariat avec plusieurs acteurs de la filière forêt-bois (ONF, CNPF, FCBA, FNCOFOR) pour produire des informations statistiques concernant les forêts françaises. Les données sont produites selon une méthode dite en continu pour mieux rendre compte des évolutions que connaissent nos forêts depuis les tempêtes de 1999 et les sécheresse/canicules de 2003 et plus récentes. 

Ces données constituent une aide précieuse pour la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques liées à la filière forêt-bois, à l’écologie et à la préservation de la biodiversité, à l’énergie, à l’aménagement du territoire et au changement climatique.

Les résultats de ce travail d’inventaire sont publiés chaque année et font l’objet d’un mémento qui en synthétise les principaux enseignements. 

Le mémento 2024 propose une synthèse des résultats de l'inventaire forestier pour la période 2019-2023. 

Accéder à l'ensemble des données d'inventaire

Les agents IGN dans votre forêt

Vous avez trouvé dans votre forêt ou sur votre terrain une plaque métallique mentionnant l’Inventaire forestier national (IFN) ou l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), ou une plaquette métallique toute blanche. Cette page vous est spécialement consacrée.
Pour en savoir plus sur ce que font les agents de l’IGN sur votre propriété et sur ce que deviennent les données collectées, consultez la plaquette ci-contre.


L'Observatoire des forêts françaises

Lancé en juillet 2023, l’Observatoire des forêts françaises (foret.ign.fr) rassemble pour la première fois toutes les données de la forêt française toutes thématiques confondues (ressource en bois, carbone, incendies, enjeux sanitaires, biodiversité, adaptation au changement climatique…). Il est coordonné par l’IGN et piloté avec l’Office national des forêts, le Centre national de la propriété forestière, France Bois Forêt et l’Office français de la biodiversité, avec le soutien financier du ministère de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt et du ministère de la Transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques.

L’Observatoire est un chaînon jusque-là manquant en France. Il constitue un espace d’échange entre experts pour d’alimenter le débat sociétal sur la gestion des forêts avec des informations robustes et documentées. Il ambitionne d’éclairer le lien entre la gestion forestière et la préservation de la biodiversité, la prévention du risque incendie, la régénération des forêts pour les adapter au climat de demain ou encore la contribution du secteur bois à l’atténuation de l’effet de serre. Outre sa contribution dans l’objectivation des échanges autour de la gestion des forêts, il facilite l’accès et le (ré)usage d’informations fiables et qualifiées sur l’état des forêts, leurs évolutions, les pressions subies et les services rendus. L’observatoire contribue ainsi à éclairer la prise de décision.

Des données produites par l’inventaire forestier et l’IGN alimentent l’observatoire. Un service inédit permet d’accéder à une fiche d’informations sur les forêts d’un territoire, et ce pour près de 270 territoires. 

Les forêts de mon territoire

Destiné aussi bien aux professionnels qu’au grand public, le site de l’observatoire propose une information synthétique de référence sur les grands enjeux qui traversent actuellement les écosystèmes forestiers métropolitains, ainsi que des cartes, des données, des infographies et des services numériques donnant accès à des connaissances sur les forêts et leur gestion au niveau de différents territoires (région, département, parc naturels régionaux, parcs nationaux).

Des clubs thématiques, formés de spécialistes de chaque domaine, sont chargés de produire, d’analyser et de mettre en forme les informations et les ressources de l’observatoire sur les grands thèmes prioritaires liés aux enjeux actuels de la forêt et du bois. 

Du LiDAR à l'IA, la technologie au service du suivi des forêts

En matière de surveillance et de connaissance de l’état des forêts, des solutions encore inimaginables il y a quelques années ouvrent aujourd’hui de nouvelles perspectives : intelligence artificielle, new space, couverture LiDAR haute résolution, jumeau numérique… L’IGN mobilise ainsi des sources d’observation variées et déploie ses capacités d’acquisition et de traitement pour croiser tous types de données. Voici trois exemples de technologies déployées au service de la forêt.

1. L’IA au chevet d’une forêt qui se transforme

Le recours à l’IA permet d’accélérer, d’avoir un suivi continu des phénomènes, et d’obtenir des données qui nourriront des modèles permettant de simuler différents scénarios et éclairer ainsi la décision publique.

Application du nouveau masque qui permet de déterminer les espaces couverts de forêts.

En complément et en articulation avec l’Inventaire forestier national, l’Institut produit le référentiel géographique forestier, la BD Forêt®, pour les professionnels de la filière forêt-bois et, plus largement, pour les acteurs de l’environnement et de l’aménagement du territoire. L’IA est utilisée pour mettre à jour plus régulièrement cette cartographie forestière par un processus plus automatisé. Les données déjà disponibles ont permis d’entraîner les machines pour calculer un modèle performant, rapide et précis.
Ces techniques, qui s’appuient sur du Deep Learning, ont permis la création d’un « masque forêt », diffusé dans sa version bêta depuis le mois de mai 2024. Celui-ci détermine avec précision les espaces qui sont couverts de forêt. C’est une première étape avant de distinguer les essences ou mélanges d’essences qui constituent les forêts hexagonales et Corse. Un travail similaire, adapté aux spécificités des territoires ultra-marin est également en cours. L’IA intégrera bientôt des images régulièrement mises à jour issues des prises de vues satellitaires Sentinel-2. Par rapport à ce qui était réalisé jusqu’alors, l’ambition est donc de faire de plus en plus rapidement, avec une connaissance de plus en plus précise des essences et sur des surfaces de plus en plus fines.

La tendance est aujourd’hui au renforcement de ces apprentissages par des modèles issus des IA génératives, qui permettraient à la machine d’apprendre en continu et de manière plus autonome. Néanmoins, l’IGN continuera à assurer la supervision des résultats des modèles par les techniciens experts, qui restent les garants de la qualité de la donnée produite. Un saut technologique qui devra favoriser, à terme, l’accélération de ces apprentissages et la production d’un jumeau numérique de la forêt.

2. LiDAR HD : vers une cartographie des forêts françaises en 3D

L’IGN coordonne actuellement la réalisation d’un chantier de grande ampleur de modélisation 3D par LiDAR (Light detection and ranging ou “laser aéroporté ») de l’ensemble du territoire hexagonal et des départements et régions d'outre-mer (hors Guyane, qui fait l’objet d’un traitement spécifique) sur 6 ans. Dans le cadre de ce programme intitulé LiDAR HD, et d’ici à fin 2026, les faisceaux d’un LiDAR auront ainsi balayé chaque parcelle, chaque massif boisé avec une précision (densité de 10 points au sol par mètre carré en moyenne) inédite à l’échelle nationale. 

Forêt de Rambouillet,  - Nuage de points LiDAR HD

Cette cartographie 3D fine du sol, du sursol artificiel et de la végétation de tout le territoire est complémentaire de l’imagerie optique. Elle permet de disposer d’une connaissance et d’une description plus fines et plus complètes des peuplements forestiers. L’utilisation des données LiDAR contribue à répondre à plusieurs enjeux majeurs : évaluer finement les ressources forestières, renforcer la surveillance des forêts (vulnérabilité des forêts face au changement climatique), évaluer la capacité à stocker du carbone, fournir des outils pour prévenir les risques (incendie, restauration des terrains de montagne), réaliser une cartographie fine de la localisation des pistes et accès à la forêt.

Les données LiDAR constituent le nouveau socle de données en vue du futur Jumeau numérique de la France et de ses territoires, projet conduit en partenariat avec INRIA et CEREMA. Le jumeau numérique, c’est le futur de la carte, pour passer de la description à la simulation prédictive

3. La forêt sous l’œil des satellites

La commune de Grand-Santi en Guyane, vue par le satellite Pléiades le 8 août 2021

Jusqu’ici moins utilisée que les relevés de terrain et les photographies aériennes, plus précises, l’imagerie satellitaire pourrait prendre une place croissante dans le mixte technologique déployé par l’IGN pour le suivi des forêts. Parce que les satellites repassent rapidement à la verticale des mêmes points et produisent des images sur un large spectre électromagnétique, les données acquises peuvent en effet faciliter la détection des changements soudains de végétation, l’identification des essences, et améliorer la précision des cartes ou l’évaluation de la ressource en bois.

Leur utilisation n’est pas nouvelle : les images des satellites SPOT puis Sentinel-2 ont prouvé leur efficacité depuis les années 2000 pour lutter contre l’orpaillage en Guyane. Plus récemment, la télédétection satellitaire s’est avérée utile dans le suivi des ravages dus aux scolytes dans des peuplements d’épicéas. Les images des satellites Sentinel-2, dont le spectre étendu permet de caractériser l’activité chlorophyllienne du couvert forestier et son évolution au cours de l’année, révèlent la progression de ces ravages sur quelques jours, au fur et à mesure que les arbres se dessèchent. Par ailleurs, les images satellites peuvent améliorer l’identification des essences. Enfin, le satellite Biomass que l’Agence spatiale européenne (ESA) va lancer très bientôt, permettra de suivre le volume de la biomasse de la forêt guyanaise. La biomasse joue un rôle majeur dans le cycle du carbone, et par conséquent dans la mécanique du changement climatique.

4. L’inventaire forestier territorial multi-sources en appui aux politiques forestières locales

Le besoin des communes, des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ou encore de tout territoire de projet (parc naturel régional, charte forestière…), de disposer d’informations sur les stocks et flux de carbone/bois/biomasse s’amplifie. En réponse à ces attentes nouvelles, l’IGN s’engage dans un plan de déploiement de l’inventaire forestier multi-sources à l’échelle territoriale.

Pour atteindre cette échelle géographique plus fine que l’inventaire forestier classique, le nouveau dispositif va s’appuyer à la fois sur les données de l’inventaire forestier national et sur des données auxiliaires, telles que la BD Forêt®, mais aussi et surtout les modèles numériques de terrain (altitude du sol) et de surface (hauteur de la végétation) issus du LiDAR HD et de la photogrammétrie des prises de vues aériennes.

L’inventaire forestier territorial multi-sources ouvre donc la possibilité de répondre à des usages nouveaux au plus près des politiques locales en complément de ceux déjà traités au niveau national et régional. Ce nouveau type d’inventaire est complémentaire des informations forestières à l’échelle nationale, d’une part, et des informations à l’échelle de la gestion forestière (parcelles, propriétés) d’autre part.

La forêt en 2050

Projection des disponibilités en bois et des stocks et flux de carbone du secteur forestier français

Le secteur « forêt-bois » contribue à la lutte contre le réchauffement climatique suivant plusieurs modalités : la séquestration de carbone dans les écosystèmes forestiers grâce à la photosynthèse, le stockage du carbone dans les produits en bois à longue durée de vie, l’évitement d’émissions de gaz à effet de serre par substitution de produits dont la fabrication consomme davantage d’énergies fossiles (acier, verre, aluminium, etc.) et comme énergie renouvelable. 

Une étude pilotée et réalisée par l'IGN et l’Institut technologique FCBA avec l’appui d’un comité pluridisciplinaire d’experts propose différentes simulations d'évolution de la ressource forestière sur le territoire hexagonal d'une part, de récolte et des usages du bois d'autre part, et dresse le bilan carbone associé à chaque scénario.

Unique par son ampleur et la richesse des facteurs pris en compte, elle fournit des éléments chiffrés en appui aux politiques publiques relatives à la forêt, à la récolte et aux usages du bois, et au climat. 

Découvrir les résultats de l'étude

Mis à jour 14/11/2024