Une carte d'occupation du sol pour faciliter le suivi de l’artificialisation

L'artificialisation des sols progresse, avec de lourdes conséquences sur l’environnement

L’artificialisation est définie comme l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol (fonctions biologiques, hydriques et climatiques) et de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage. Le phénomène est aujourd’hui considéré comme l’une des causes premières de l’effondrement de la biodiversité, de la réduction des terres agricoles, de l’accroissement des risques environnementaux et du changement climatique.

Pourtant, en France comme un peu partout en Europe, et malgré un cadre réglementaire toujours plus contraignant, l’artificialisation des sols progresse. Chaque année, environ 20 000 hectares sont consommés, selon le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

243 136 ha artificialisés entre 2011 et 2021

20 000 ha environ consommés chaque année

68 % des espaces consommés sont destinés à l'habitat

Vers une nécessaire sobriété foncière

Zéro artificialisation nette en 2050. C’est l’objectif inscrit dans la loi climat et résilience d’août 2021 pour enrayer l’artificialisation des sols. À l'échéance, il s'agira d'atteindre un équilibre entre les flux d'artificialisation et de renaturation des sols. L’enjeu, pour chaque collectivité, est maintenant de parvenir à maîtriser sa propre expansion et d’adopter une consommation foncière la plus sobre possible.

Bientôt une carte France entière pour décrire finement l’occupation du sol

Pour observer, planifier et contenir la croissance urbaine, les territoires doivent pouvoir fonder leur décision sur des mesures fiables et durables. D'ici à fin 2024, ils pourront compter sur le référentiel d’occupation du sol à grande échelle (OCS GE), une base de données géographiques homogènes qui décrira finement la couverture et l’usage des sols ainsi que leur évolution dans le temps pour la France entière. Ce référentiel est produit par l'IGN en collaboration avec le Cerema et l'INRAE à la demande du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour répondre à l'exigence de la ZAN.

Outiller les politiques d'aménagement du territoire

La base de données OSC GE permettra un suivi de la consommation d'espaces à l'échelle de chaque commune. Elle servira de nombreux usages allant de la planification (portrait de territoire, analyse des potentiels de densification...) à la mise en œuvre de politiques d'aménagement plus opérationnelles (mise en place de zones de protection, réalisation de trames vertes et bleues, etc.). 

Deux minutes pour comprendre les enjeux de la carte OCS GE

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Comment produit-on la carte de l'occupation du sol ?

1. Les photographies aériennes en données d'entrée

Les prises de vue aériennes de l’IGN sont actuellement les données d’entrée de la chaîne de production de la carte d'occupation du sol. Elles sont associées à des modèles numériques de terrain (MNT), à des modèles numériques de surface (MNS) et à des photographies aériennes en infrarouge couleur (IRC). 

2. L’intelligence artificielle au cœur du processus

Pour répondre au défi de l’observation en continu de l’évolution de l’artificialisation des sols, l’IGN mobilise des technologies de traitement automatique par intelligence artificielle (IA).
L’institut s’appuie en particulier sur les capacités apprenantes de l’IA (deep learning ou apprentissage profond) développées par ses équipes de recherche pour automatiser la télédétection d’objets à partir de prises de vue aériennes. Cela permet de distinguer rapidement ce qui tient lieu d’habitations, de zones imperméables, d’espaces agricoles ou encore de végétation. En tout, 17 classes de couverture du sol sont référencées par l’intelligence artificielle.

CoSIA - Fond : prise de vue aérienne Tours - 2021 | IGN
Les performances de l'IA satisfaisantes à plus de 73 % pour la classification de la couverture et de l'usage du sol

Malgré de rares écueils démontrant le caractère indispensable de l'expertise humaine, les performances du modèle IA et des traitements géomatiques associés sont largement satisfaisantes. Elles permettent d’atteindre une bonne classification des couvertures et des usages supérieurs à 73 % pour les premiers départements produits.

3. Les résultats sont croisés avec des données existantes

Le résultat est ensuite croisé avec des données issues de référentiels nationaux décrivant l'usage des sols comme les bases de données forêt, des données foncières ou relatives aux aides agricoles (Registre parcellaire graphique) afin de produire une OCS GE automatique. Ces croisements permettent de corriger la couverture et de compléter les informations avec l'usage. 

4. Dernières étapes : la classification et la qualification des données

En dernier lieu, la couverture et l'usage du sol sont corrigés à la marge pour construire une donnée satisfaisant les exigences de qualité.


La carte OCS GE et ses produits intermédiaires

La carte OCS GE (produit final)

L’OCS GE finalisée est le produit final d’occupation du sol corrigé par photo-interprétation qui sert de référentiel dans le cadre du dispositif du suivi de l’artificialisation des sols. 
Cette carte de description du sol est produite pour tout le territoire français (métropole et DROM). Deux millésimes sont systématiquement produits par département.

Les produits intermédiaires

Au-delà du produit final que sont les cartes d’occupation du sol, l’IGN ouvre le capot et met à disposition en open data toutes les ressources qui contribuent au processus automatisé.

Ces ressources sont agrégées au sein du dataset FLAIR (French Land cover from Aerospace ImageRy), le jeu de données géospatiales France entière décrivant la diversité du territoire métropolitain (ses climats, ses écosystèmes et ses sols), dans le but de produire une cartographie à grande échelle. Avec plus de 20 milliards de pixels annotés et des données acquises sur 50 départements, c'est l'un des plus importants datasets existants pour entrainer des modèles IA sur l’occupation du sol.

Pourquoi des produits intermédiaires ?

Pour entraîner et faire tourner des modèles IA

Produits à partir des observations (prises de vues aériennes, prises de vues aérienne infrarouge, modèles numériques de terrain....), les jeux de données servent à l'entrainement de modèles d'intelligence artificielle. Issus de codes informatiques, ces derniers sont des algorithmes qui permettent de classifier les prises de vues aériennes automatiquement. 

Pour visualiser et télécharger des cartes de prédiction

Autres ressources IA de couverture du sol, les cartes de prédictions représentent les objets classifiés automatiquement par application du modèle. Elles indiquent la probabilité qu'un pixel ou qu'un ensemble de pixels appartienne à une classe. Un prototype de démonstrateur en ligne dédié proposera très prochainement de visualiser et de télécharger ces cartes mais également de partager des cas d'usages.

Dans un souci d'ouverture et de partage, l’IGN met en commun ces différentes ressources IA dont de nombreux enrichissements et réutilisations sont possibles, notamment dans le cadre de défis scientifiques. D’autres données et codes seront régulièrement mis à disposition afin d’enrichir les modèles d’entrainement en mode collaboratif dans une approche de communs numériques.

FLAIR #1 et #2 : Challenges IA et occupation du sol

Pour soutenir et accélérer les chaînes de production et de mise à jour des données du dataset FLAIR, l'IGN a lancé deux premiers défis sur la plateforme CodaLab.org spécialisée dans l’hébergement de challenges scientifiques.
Organisé en partenariat avec l'ENSG et Connect by CNES, le défi FLAIR #2 est ouvert du 25 mai au 25 septembre. Pour cette nouvelle édition, les candidats ont accès au dataset FLAIR et à près de 50 000 acquisitions provenant des séries temporelles des satellites Sentinel-2 du programme européen Copernicus !


Calendrier et avancement

L'ambition est de disposer d'une base d'occupation du sol France entière (DROM compris) d'ici à la fin de l'année 2024. À compter de cette date, les données OCS GE seront actualisées tous les trois ans au gré de la mise à disposition des prises de vues aériennes les plus récentes. L'ensemble des données sera diffusé en open data.

Les données OCS GE nouvelle génération couvrant 25 premiers départements sont d’ores et déjà accessibles en open data.  

Parties prenantes

Le référentiel OCS GE est produit par l’IGN en collaboration avec le Cerema et l'INRAE à la demande de la direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN) du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Des cycles d’échanges ont été mis en place avec les utilisateurs en collaboration avec les Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) ainsi qu'avec les directions territoriales de l’IGN. Les utilisateurs finaux sont également impliqués dans la production de l’OCS GE via des boucles de correction.  

Financement

Le programme est financé par le Fonds pour la transformation de l'action publique (FTAP) à hauteur de 11 millions d'euros, par le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires (8,5 millions d'euros) et par le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire (0,5 million d'euros). Son budget global s'élève à 20 millions d’euros.


L'occupation des sols, on s'en occupe ensemble ?

Face aux défis posés par le changement climatique, l’IGN a pris l’initiative de publier annuellement l’atlas Cartographier l’anthropocène. Cet ouvrage de référence s’appuie sur la richesse des données de l’IGN et de ses partenaires pour représenter les conséquences de l’empreinte humaine sur le territoire. L’édition 2023 s’arrête en particulier sur la question de l’occupation des sols. L’IGN, cartographe du service public et opérateur de données de la planification écologique veut illustrer à travers cet atlas sa vocation à délivrer du savoir utile à la décision pour réussir la transition écologique.


Portrait

Yanis Hamimi, entre ciel et terre

Découvrez le portrait de Yanis, consultant au service des projets et des prestations de l’IGN qui s'engage pour accompagner les collectivités dans la lutte contre l'artificialisation des sols.

Mis à jour 04/04/2024