Les Rencontres de la Cartographie
Faire de la carte un levier de conscience et de démocratie
Une coalition d’acteurs engagés - l’IGN, la Banque des Territoires, OVHcloud, CY école de design (CY Cergy Paris Université), le Conseil national de l'information géolocalisée (CNIG), la Fabrique de la Cité, Leonard (Groupe Vinci) - lance une initiative pour faire de la carte et de l’information géographique un levier de démocratie au service de nos territoires.
Notre époque est marquée par des bouleversements systémiques sans précédent. L'anthropocène, le franchissement des limites planétaires, les crises géopolitiques, identitaires et la redéfinition de notre relation au vivant nous obligent à repenser notre manière d'habiter la Terre. Ces incertitudes, mais aussi les bouleversements liés aux multiples révolutions numériques (réseaux sociaux, IA…) viennent également redéfinir notre relation à l’humain, notre manière de faire société. Dans ce contexte, la cartographie et l'information géographique doivent jouer un rôle essentiel pour comprendre, visualiser, anticiper et mieux interagir dans l’espace et le temps.
Voir l'invisible
Les cartes rendent visibles des phénomènes complexes tels que le changement climatique ou la biodiversité, les sols et les sous- sols, les flux et les ressources, nous aidant à saisir l'ampleur des défis et à mieux identifier les zones d'action prioritaires.
Repenser notre relation au vivant
En représentant les écosystèmes, les interactions entre humains et non-humains, le monde animal, végétal et microbien, la cartographie peut nous aider à développer une nouvelle conscience écologique et à redéfinir notre place dans le monde vivant.
Faciliter la prise de décision collective
Les cartes sont un formidable outil de médiation et de dialogue. Elles exposent à tous la « data », sans prérequis technique, et offrent un langage commun pour débattre des enjeux complexes et co-construire des solutions, renforçant ainsi nos processus démocratiques.
Stimuler l’imagination et la créativité
En offrant de nouvelles perspectives sur l’espace, les cartes stimulent notre imagination et notre capacité à explorer. Elles nous permettent d'envisager des lieux et des temporalités nouvelles afin de concevoir des solutions créatives pour faire face aux réalités globales et locales
Bien que les cartes fassent partie de notre quotidien aujourd'hui, en partie grâce à la puissance des géants numériques américains, elles ne sont pas toujours adaptées aux enjeux contemporains. Le modèle économique de ces plateformes, basé sur la monétisation des données, oriente les choix éditoriaux vers une cartographie transactionnelle, à intention commerciale. Cette approche génère la vision d’un monde très utilitariste, fondé sur la mobilité, qui ne reflète pas toujours la complexité de nos écosystèmes, ni les enjeux planétaires, et qui ne représente pas complètement la richesse de nos territoires.
De même, la donnée est partout, et les grands acteurs numériques ont développé des outils faciles d’utilisation qui permettent d’accéder et manipuler la donnée (données de trafic routier, données sur les feux de forêt…). Leurs choix sont néanmoins là encore fondés sur des enjeux économiques, visant à répondre au plus grand nombre. Cet accès est précaire, soumis à une gouvernance non partagée, ne permettant pas de créer les conditions d’une production de donnée au service des enjeux de politiques publiques et disposant d’une gouvernance souveraine.
Les membres du comité
- Karine Hurel, déléguée générale adjointe à la Fnau - Fédération nationale des agences d'urbanisme ;
- Philippe Rekacewicz, géographe et cartographe, chercheur associé à l'université de Wageningen, Pays Bas ;
- Isabelle Delannoy, économiste, co-scénariste du film Home par Yann Arthus Bertrand et fondatrice de l'économie symbiotique ;
- Bertrand Monthubert, mathématicien, dirigeant universitaire et président du CNIG - Conseil National de l'Information Géolocalisée ;
- Virginie Raisson-Victor, géopolitologue, prospectiviste et présidente du Giec Pays-de-la-Loire ;
- Damien Deville, anthropologue et géographe culturel, auteur et conteur ;
- Nephtys Zwer, historienne de la culture, chercheuse en contre-cartographie ;
- Alexandre Monnin, philosophe et auteur, co-fondateur du courant de la redirection écologique ;
- Les artisans cartographes, association professionnelle de cartographes indépendants ;
- Jerôme Gaillardet, professeur de sciences de la Terre à l'Institut de Physique du Globe de Paris et Sciences Po Paris. Spécialiste de la zone critique ;
- Bernard Bèzes, ancien directeur de la cartothèque de l'IGN ;
- Julien Neutres, producteur et co-fondateur du Collège citoyen de France.
Trois personnalités sont associées au comité :
- Emma Haziza, hydrologue, membre du conseil scientifique de l’UNICEF et administratrice d'Eau de Paris ;
- Gaspard Koenig, philosophe et écrivain ;
- Julien Devaureix, auteur et créateur du podcast SISMIQUE.