Cartographier l'anthropocène à l'ère de l'intelligence artificielle

L’IGN publie une nouvelle édition de son Atlas « Cartographier l’anthropocène » sur la thématique de l’intelligence artificielle au service de la transition écologique.

« Can machines think ?* »

Lorsqu’en 1950 Alan Turing pose la question « les machines peuvent-elles penser ? », se doute-t-il que l’intelligence artificielle (IA), dont il sera l’un des pères fondateurs, nous permettra de remonter le temps en retraçant l’évolution de l’occupation des sols ? Imagine-t-il que l’IA permettra de suivre le changement climatique, de modéliser les risques et donc de mieux les anticiper ?

Dans cette nouvelle édition de l'Atlas « Cartographier l'anthropocène », découvrez comment l'IA est devenue indispensable au pilotage de la transition écologique et dans quelle mesure elle offre de nouvelles perspectives d’exploration et d’innovation.

* « Les machines peuvent-elles penser ? » - Alan Mathison Turing - « Computing Machinery and intelligence » - Mind, octobre 1950

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L'édito de Sébastien Soriano

Directeur général de l'IGN

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Édition 2024

Un levier technologique pour répondre à des enjeux sociétaux

Si l’IA est depuis longtemps intégrée dans les méthodes d’observation et de modélisation du territoire, l’arrivée des technologies de Machine Learning, Deep Learning et d’IA générative permet d’accélérer sa cartographie à partir de données de télédétection. Pour le Directeur général adjoint de l’IGN, Nicolas Paparoditis, cette accélération est indispensable pour éclairer les politiques publiques dans un contexte de transition écologique et de transformation rapide des territoires. Il nous explique comment l’IA est aujourd’hui centrale dans les projets de l’institut cartographe, acteur technologique innovant.

Connaissance et suivi de l'environnement

En connectant les sujets des milieux et habitats naturels, d’espèces, d’aménagement du territoire, de pollutions et de pressions sur l’environnement, la connaissance d’un environnement convoque assez logiquement celui de la complexité. On touche ici à des domaines multidimensionnels, systémiques et évolutifs pour lesquels croiser différentes sources de données et avoir la capacité de suivre
leurs évolutions se révèlent nécessaires. Autant dire des domaines où l’intelligence artificielle excelle. Au-delà de la protection de l’environnement, il s’agit ici de comprendre les phénomènes en jeu pour tirer les conséquences d’une intervention humaine sur son milieu. Il est aujourd’hui possible d’observer les conséquences de certains choix, mais aussi de bâtir des modèles permettant d’en tirer des projections par simulation. Cette compréhension est essentielle lorsque l’on cherche, par exemple, à reboiser une parcelle, à implanter un champ d’éoliennes, à modifier un plan local d’urbanisme ou à élever un bâtiment sur un espace agricole.

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Gestion des risques

Inondations, feux de forêts, tempêtes, érosion des côtes et des massifs, risques industriels... la gestion des risques systémiques liés au dérèglement climatique croise un grand nombre de domaines et implique autant de données environnementales et géographiques. La puissance de calcul de l’intelligence artificielle est ici d’un apport crucial pour révéler ce qui ne se voit pas forcément selon des méthodes traditionnelles d’observation. Un aspect impressionnant des modèles mathématiques qui permettent de prévenir les occurrences de ces risques ou de prendre des mesures pour en limiter les conséquences. Et, le cas échéant, assister les services d’urgence à intervenir sur le terrain. Des capacités qui prennent encore un nouveau tour avec celles du Machine Learning révélant ainsi les effets de l’évolution du paysage.

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Forêt

Les espaces forestiers sont soumis à des tensions multiples : changement climatique, pression du gibier, grands feux… Cela appelle une observation plus fréquente et bien plus précise. Des exigences pour lesquelles l’IA et les techniques de Machine Learning, couplées aux observations satellites issues du programme européen Copernicus, ouvrent des perspectives inédites. Leur combinaison avec les grands référentiels statistiques et scientifiques permet d’alerter rapidement et d’aider à mieux comprendre toute la complexité des mécanismes en jeu, au sein de ces espaces qui couvrent près d’un tiers de la surface du territoire national.

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Agriculture

Le monde agricole est un des premiers à subir frontalement les bouleversements environnementaux, dont il est à la fois l’acteur et le spectateur malheureux. Les techniques d’IA constituent désormais des aides précieuses pour mesurer l’évolution de ces impacts et éclairer les décisions publiques en matière de politique agricole. Aujourd’hui essentiellement consacré à la délimitation des parcelles cultivées, à l’identification de la nature des cultures et à la connaissance fine du terrain, le traitement de la donnée est un allié essentiel de transformation vers des techniques d’agriculture de précision, plus respectueuses de ses environnements. Et une opportunité pour nourrir l’ensemble d’un écosystème d’innovation tout en permettant d’assurer la compétitivité durable des modèles agricoles français. 

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Urbanisme

Chaque année, entre 20 000 et 30 000 hectares d’espace naturel disparaissent en France sous la pression de l’artificialisation des sols. La loi ZAN (zéro artificialisation nette) a été promulguée pour chercher à endiguer cette tendance. L’urbanisation est, à ce titre, une des premières causes de ce phénomène, avec des répercussions importantes sur la perte de la biodiversité et l’assèchement des sols. Contenir l’extension des villes constitue, par conséquent, une priorité nationale qui demande une observation permanente des zones urbaines et une collaboration étroite des acteurs du territoire possédant une information de terrain. L’apport de l’intelligence artificielle constitue désormais un gain de temps précieux pour accélérer la connaissance du terrain et conduire les politiques publiques en matière d’urbanisme.

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Énergie

Les sujets liés à la production et à la performance énergétiques sont désormais des enjeux stratégiques nationaux pour assurer la transition énergétique du pays. On comprend, dès lors, l’importance d’une collaboration étroite de tous les acteurs de l’observation du territoire permettant d’acquérir une connaissance fine de ses propriétés. L’IA ouvre, à ce titre, des perspectives inédites pour modéliser le territoire et révéler le potentiel d’implantation des énergies renouvelables ainsi que pour visualiser leurs impacts éventuels sur l’environnement. En croisant les faisceaux d’informations multiples, comme la durée d’ensoleillement, le relief ou encore la force des vents, l’IA permet d’acquérir une connaissance fine des propriétés du territoire et de nourrir, par la suite, la puissance publique.

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« What if machines could do more than thinking?* »

Des données plus fines, une collecte qui s’automatise, des modèles robustes qui ne cessent d’être optimisés… l’IA nourrit un imaginaire des possibles qui doit et devra se conjuguer avec une démarche visant à limiter son impact énergétique. L’IA a fait son entrée au cœur des organisations, il s’agit désormais de l’accompagner collectivement, et de lui donner ce cadre propice à l’innovation au service du plus grand nombre jusqu’à ce qu’elle fasse partie du quotidien de tous. Mais sous quelle forme ? L’avenir est en cours d’écriture.

Et si les machines pouvaient faire plus que penser ?

« Notre objectif est de démocratiser l'intelligence artificielle au sein de l'institut et dans la société »

À l’opposé d’une logique de concentration d’un savoir établi chez quelques experts, il s’agit d’assurer la diffusion large de la capacité d’agir avec l’IA tout en assurant une indispensable réflexion collective sur cette technologie et ses usages, pour prendre en compte les considérations sociales et environnementales.
Lire le point de vue de Matthieu Porte, coordinateur des activités IA à l'IGN

Construire un avenir (géo)commun

Par Valentine Bruyerre (Datalliance, IGN) et Nicolas Berthelot (Fabrique des géocommuns, IGN)

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Augmenter notre puissance de calcul

Par Marouane Zellou, Ingénieur recherche & développement à l'IGN

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L'IA générative au service de nos métiers et du savoir

Par Ruben Grès, ingénieur intelligence artificielle à l'IGN

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2042, l'odyssée d'Odysseus

Pour clore l'Atlas, un bref voyage dans un futur proche, teinté de science-fiction...

 

Intelligence artificielle (IA)

C'est « l'ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine ».
Source : Larousse

IA générative

Catégorie d’IA qui se concentre sur la création autonome de contenu, tel que des textes, des images, des vidéos, des sons et d’autres types de données, par des systèmes informatiques.
Source : Grande école du numérique

Réseau de neurones

Ensemble de neurones artificiels interconnectés qui constitue une architecture de calcul.
Source : ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche

Deep learning (DL)

Apprentissage automatique qui utilise un réseau de neurones artificiels composé d’un grand nombre de couches dont chacune correspond à un niveau croissant de complexité dans le traitement et l’interprétation des données.
Traduction : apprentissage profond - source : ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche

Machine learning (ML)

Processus par lequel un algorithme évalue et améliore ses performances sans l’intervention d’un programmeur, en répétant son exécution sur des jeux de données jusqu’à obtenir, de manière régulière, des résultats pertinents.
Traduction : apprentissage machine ou apprentissage automatique - source : ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche

Modèle de fondation

Modèle de Machine Learning formé sur un large éventail de données généralisées et non étiquetées et capables d’effectuer des tâches très variées : compréhension du langage, génération de textes ou d’images, conversation en langage naturel…

Large language models (LLM)

Ce sont des modèles d’apprentissage automatique capables de comprendre et de générer des textes en langage humain. Ils fonctionnent en analysant des ensembles de données linguistiques massives.
Traduction : grands modèles de langage - source : Cloudflare

Replay de la soirée de lancement

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Édition 2024

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