Au cœur de la tech

Coup de booster pour le spatial

Et si, en s’appuyant davantage sur l’observation spatiale, il devenait possible de réaliser des cartes à la fois précises et fréquemment mises à jour ? Combinée à celle d’autres sources comme l’aérien, la donnée satellitaire devient essentielle pour les autorités publiques soucieuses de mieux gérer les transitions. Cet article est paru dans le numéro 109 d'IGN MAG dédié au spatial.

Publié le 26 septembre 2024

Temps de lecture : Array minutes

Le Bassin d'Arcachon vu par Sentinel-2

Les crises anthropocènes (climatique, écologique et énergétique) nécessitent une connaissance approfondie et actualisée de l’état du territoire. « Les autorités publiques demandent des informations à la fois plus précises, plus fréquemment mises à jour et plus adaptées à leurs besoins », indique François Chirié. Cet expert de l’IGN a apporté son appui à la récente Mission sur le mixte technologique de l’acquisition de données menée en 2023 par Magali Stoll, alors directrice générale adjointe de l’IGN : « Nous nous sommes demandé quelles données acquérir pour mieux répondre aux besoins des politiques publiques. » Par exemple, celles nécessaires pour mesurer l’artificialisation des sols.
La Mission s’est penchée sur les drones d’acquisition de données : « Ces appareils sont soumis à des contraintes réglementaires fortes, de sorte qu’ils ne peuvent pratiquement pas opérer au-dessus d’une zone habitée, note François Chirié. De plus, leur rayon d’action est souvent trop faible pour nos besoins : il n’est pas envisageable d’acquérir tout un département avec des drones, par exemple. »

3 C'est le nombre d'avions dont dispose l'IGN pour photographier l'ensemble du territoire national

7 C'est le nombre de satellites optiques dont l'IGN exploite les moyens d'observation

Mixer les sources

Du côté des véhicules terrestres, l’IGN a conçu un véhicule expérimental baptisé Stéréopolis. Bardés de capteurs, ces véhicules sont capables de produire des vues immersives, en 3D et à hauteur d’homme. « C’est un apport essentiel pour la description des zones urbaines », souligne François Chirié.
Pour l’IGN, l’aérien et le spatial sont deux sources d’information essentielles et complémentaires. « On ne pourrait pas réaliser une carte annuelle de la métropole avec les seuls moyens aériens, même avec une flotte de 10 à 15 avions », précise Vincent Caillard. Pour assurer un trafic aérien aussi fluide que possible, leurs vols sont en effet autorisés en nombre limité. De son côté, le satellite possède un atout fondamental : sa capacité de « revisite » très élevée, ainsi on peut obtenir chaque jour une image d'un même point du territoire national. Du fait de leurs résolutions proches (20 centimètres pour la BD ORTHO actuelle, 30 centimètres avec les satellites Pléiades Neo d’Airbus), il est envisageable de mixer images aériennes et satellitaires pour, par exemple, alimenter la BD ORTHO.

Image d'un véhicule Stéréopolis

Le territoire vu de l'espace dans IGN MAG

Retrouvez cet article dans notre numéro spécial d'IGN MAG sur le spatial (été 2024). 

Des changements structurels

Le segment spatial sera donc davantage sollicité. D’autant que certains satellites observent le sol à différentes longueurs d’ondes, par exemple dans le multispectral : « Cette richesse spectrale donne des informations précieuses pour le suivi de certaines thématiques, insiste Vincent Caillard. Pour la gestion des forêts, on peut à la fois reconnaître les espèces végétales depuis l’espace, estimer le stress hydrique et évaluer la qualité de la photosynthèse. »
Grâce aux informations combinées du spatial et de l’aérien, l’IGN détectera les changements d’une image à l’autre de façon automatique. L’évolution de l’expansion des zones urbaines, des niveaux des plans d’eau ou du développement des algues sargasses aux Antilles seront mesurés plus aisément et plus souvent, et les référentiels géographiques plus rapidement mis à jour.
Ces évolutions vont entraîner des changements structurels. « À l’avenir, nos chaînes de production devront devenir “agnostiques”, note François Chirié, c’est-à-dire capables de traiter indifféremment des données issues de différentes sources. » Une direction des sources va ainsi être créée à l’IGN, tandis qu’une autre, en aval, sera chargée de l’exploitation des données.

Retrouvez cet article dans la version papier d'IGN MAG

Numéro 109 - Été 2024

Feuilleter le magazine


Pour aller plus loin

Comment fait-on des cartes à partir des prises de vue aériennes ?

En cliquant sur lecture, vous acceptez les cookies provenant de YouTube

Mis à jour 14/10/2024