Données tous azimuts
« Si on veut simuler le risque d’inondation et estimer, par exemple, l’impact sur la population, il nous faut divers jeux de données sur les populations, les bâtiments, les infrastructures, les transports », rappelle Bénédicte Bucher, chercheuse au Lastig et responsable de l’axe intégration et interopérabilité du jumeau.
« L’un des enjeux du double national est l’intégration de données de diverses sources qui renforcent la fidélité du jumeau ». Ainsi, le jumeau numérique deviendra une interface d’interrogation, centrée sur le territoire, de toutes les sources de données pertinentes. L’ambition et la portée de cet axe de recherche est immense. En effet, les scientifiques veulent y intégrer des informations aussi hétérogènes que des données météorologiques, des données du sous-sol, des mesures de pollution, de circulation de véhicules, des données socioéconomiques, notamment celles produites par l’Insee, mais aussi des données des portails open data des territoires.
Mais ce n’est pas tout. Le passé impacte le futur et un jumeau national doit aussi faciliter l’interrogation d’archives pour intégrer l’évolution des territoires au cours des décennies et siècles passés. Ainsi, les scientifiques veulent intégrer des cartes anciennes, des informations issues des bottins professionnels, des journaux officiels, et même de romans. En somme, toute information utile à observer les territoires dans leur complexité aura sa place dans le jumeau national.
C’est bien cette richesse qui permettra de créer, grâce au jumeau, des modèles de phénomènes complexes. Reste que l’articulation de ces données constitue de véritables gageures pour les scientifiques. « L’enjeu est de faciliter l’ingénierie de ces données, leur intégration et qualification, afin de libérer du temps des scientifiques de la donnée pour la production de valeur avec des données intégrées et qualifiées » indique Bénédicte Bucher.
Autre sujet de réflexion : comment ne pas noyer les utilisateurs dans un océan d’information ? Comment les aider à se repérer dans ce qui pourrait très vite devenir un labyrinthe de paramètres ? Bénédicte Bucher réfléchit déjà à des solutions innovantes. « On imagine une chatbox qui, en réponse à une question, irait chercher les données pertinentes. Le système pourrait vous dire, voilà ce que vous avez demandé, et peut-être que ces autres jeux de données pourraient aussi vous intéresser ». Un tel outil permettrait d’une part de s’orienter dans le jumeau, mais aussi de communiquer avec lui facilement. De quoi donner l’occasion de s’en saisir à un panel d’usagers le plus large possible.