Une carte, c’est par définition une image abstraite de tout ou partie de la surface terrestre. Une image à la fois réduite, conventionnelle et que l’on peut considérer comme géométriquement exacte. Pour qui sait en déchiffrer les codes, une carte est le premier outil d'analyse d'un territoire, accessible facilement sans recourir à des technologies complexes.
Lire une carte, c’est déjà imaginer la physionomie et le caractère d’une région. Une invitation au voyage pour les plus rêveurs… Et un guide indispensable pour les plus pragmatiques, soucieux par exemple d’effectuer des repérages, d’évaluer une distance entre deux points ou d’appréhender un dénivelé ou la nature du terrain pouvant rendre une traversée dangereuse...
Un seul pré-requis pour se lancer dans l'aventure : maîtriser quelques notions de base et rudiments du langage cartographique. Nos conseils aux débutants pour se familiariser avec une carte en cinq étapes.
À noter : les étapes 2 à 5 concernent plus particulièrement les cartes topographiques au 1 : 25 000.
Étape 1 : Choisir une carte adaptée à ses besoins
Zone de couverture, échelle, information touristique… Le choix des caractéristiques de votre carte dépend de l’usage que vous en ferez, de votre mode de déplacement et des activités programmées.
La couverture de la carte fournit à ce stade un premier niveau d’indications : elle précise le titre, le sujet, l’échelle, la compatibilité GPS s’il y a lieu.
Selon l’échelle, les informations de la carte seront plus ou moins détaillées. Pour un tour de France en voiture, on choisira une carte nationale à l’échelle du 1 : 1 000 000. Pour la randonnée pédestre, on préférera une carte topographique au 1 : 25 000 qui indique la nature et les détails du terrain, l’ensemble des voies de communication jusqu’aux sentiers, les cours d’eau et le relief (voir l'étape 3 pour comprendre la notion d'échelle).
Pour bien utiliser une carte sur le terrain, on cherchera d’abord à l’orienter. En pratique, c’est assez simple puisque, sur une carte IGN, le Nord correspond aux bords droit ou gauche de la carte. Deux options ensuite :
On dispose d’une boussole : on peut alors aligner un méridien (ligne noire sur la carte) avec l’aiguille de la boussole.
On connaît sa propre position : il suffit alors de repérer sur la carte un point facilement identifiable du terrain (clocher, château d’eau, sommet...). On fait ensuite pivoter la carte en visant ce point. Si possible, on pense à contrôler l’orientation en visant au moins un autre point remarquable.
Le saviez-vous ?
Sur une carte, on distingue trois types de Nord :
Le Nord géographique
Il correspondant au point de convergence des méridiens représentés par des lignes noires traversant la carte de bas en haut.
Le Nord magnétique
Il correspond à la direction donnée par la boussole. On nomme déclinaison magnétique l’écart d’angle entre le Nord géographique et le Nord magnétique. Attention : la valeur de la déclinaison magnétique varie d'une carte à l'autre et évolue dans le temps. Néanmoins, l’incidence de cette déclinaison est faible, exceptée dans certains départements et certaines collectivités d’outre-mer.
Le Nord de la projection de la carte
Il correspond aux bords gauche et droit de la feuille de papier. La projection est le moyen mathématique de représenter à plat de façon orthonormée la surface courbe de la Terre. Pour certaines projections, comme celle légale utilisée en France (Lambert 93), le Nord de la projection diffère légèrement du Nord géographique.
Pour vous orienter précisément avec une carte et une boussole, reportez-vous à notre tutoriel dédié.
Étape 3 : Se familiariser avec la notion d’échelle
Échelle numérique et échelle graphique
On a vu que la carte était une image abstraite, symbolisée et surtout réduite de la réalité. L’échelle définit le rapport de réduction entre la représentation cartographique et le terrain. Une notion bien utile pour la mesure de distances !
Généralement indiquée sur la couverture et dans la légende des cartes, l’échelle numérique s’exprime sous la forme d’une fraction 1 : N ou 1/N (1 étant la distance représentée sur la carte et N la distance correspondante sur le terrain). À noter que l’échelle est d’autant plus petite que le dénominateur est grand.
À retenir Échelle = distance carte/distance réelle = 1/N
À l’échelle 1 : N, on multiplie par N la longueur mesurée sur la carte pour obtenir la longueur réelle sur le terrain.
Sur les cartes, figure également une échelle graphique, une ligne horizontale graduée qui établit visuellement un lien entre la distance sur la carte et la distance réelle. Ce type d’échelle est très simple à utiliser car il ne nécessite aucun calcul. Il suffit de mesurer sur la carte la distance recherchée au moyen d’un double-décimètre ou d’un compas puis de la reporter le long de l’échelle graphique pour en déduire la distance correspondante sur le terrain.
Échelle et niveau de précision de la carte
On le rappelle, le choix de l’échelle dépend de l’usage de la carte. On retiendra simplement que le niveau de détail est fonction de la valeur de l’échelle.
Prenons deux exemples :
sur une carte au 1 : 1 000 000, un centimètre sur la carte représente 1 million de cm (10 km) sur le terrain. Le rapport de réduction est important : on parle alors de petite échelle. La carte offre une vue d’ensemble mais un niveau de détail limité. Cette échelle correspond par exemple à celle d'une carte routière nationale (idéale pour préparer un trajet longue distance en voiture).
sur une carte au 1 : 25 000, un centimètre sur la carte représente 25 000 cm (250 m) sur le terrain. On parle à l’inverse ici de grande échelle. Cela revient à zoomer sur une portion relativement réduite du territoire et à faire apparaître davantage de détails utiles pour la marche à pied par exemple.
Quelques repères
1 : 1 000 000 → 1 cm sur la carte = 10 km
1 : 250 000 → 1 cm sur la carte = 2,5 km
1 : 100 000 → 1 cm sur la carte = 1 km
1 : 75 000 → 1 cm sur la carte = 750 m
1 : 25 000 → 1 cm sur la carte = 250 m
Étape 4 : Se représenter le relief et évaluer le dénivelé
Bien qu’une carte soit plane, il est possible d’y percevoir le relief, de déterminer des altitudes et de mesurer des pentes. Sur une carte topographique, trois types de figurés décrivent les formes du terrain : les courbes de niveau, les points cotés et l'estompage.
Les courbes de niveau
Une courbe de niveau est une ligne imaginaire qui, sur une carte, relie entre eux tous les points situés à une même altitude. On parle d’ailleurs parfois d’isohypse (du grec isohupsês, de hupsos, hauteur). Faciles à repérer, elles sont représentées par un trait fin orangé-brun le plus souvent mais parfois gris dans les zones rocheuses ou bleu dans les zones de glaciers et neiges éternelles.
Les courbes de niveau sont espacées d’une différence d’altitude que l’on nomme l’équidistance. La valeur de celle-ci varie en fonction du relief : 5 mètres en plaine, 10 mètres en montagne, voire 20 mètres par endroit. Certaines cartes peuvent combiner plusieurs valeurs d’équidistance. Il est donc conseillé de se reporter à la légende de la carte où est précisée l'information. Autre astuce, on peut aussi compter le nombre de courbes entre deux points cotés pour déduire l'équidistance.
Toutes les cinq courbes, on distingue une courbe « maîtresse », dessinée en trait plus épais et généralement associée à une altitude exprimée par un nombre rond (ex : 800 pour 800 mètres). Bon à savoir : sur les cartes IGN, les chiffres indiqués sur ces courbes sont orientés vers le sommet. Enfin, dans le cas d’une cuvette ou d’un cratère, une flèche pointe vers le fond de la dépression.
Pour comprendre la représentation du relief par les courbes de niveau, il suffit d’imaginer une montagne découpée en gradins et de la survoler par la pensée.
Pour estimer la difficulté d’un parcours, on gardera à l’esprit que plus les courbes sont rapprochées, plus la pente est forte et, qu’à l’inverse, plus elles sont espacées plus la pente est douce.
Comprendre les courbes de niveau
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Des figurés spécifiques pour les reliefs montagneux
Les courbes de niveau sont parfois insuffisantes pour caractériser la nature de certains terrains, notamment en montagne. On fait appel alors à d’autres artifices :
des figurés de rochers,
des semis de points bistres pour représenter les terrains très ravinés (bad-lands) comme les dunes et zones de sable,
les courbes de niveau des glaciers sont représentées en bleu, les éboulis et moraines par des séries de points parallèles.
Les points cotés
Les points cotés complètent les informations données par les courbes de niveau. Inscrits en noir, ils indiquent l’altitude de points précis du territoire, tels que des sommets, fonds de cuvette, cols, carrefours, etc.
L'estompage
Cette technique consiste à reproduire l’effet d’un éclairage oblique provenant du Nord-Ouest de la carte par un effet d’ombrage des flancs Sud-Est du relief. L’ombrage, dont l’intensité augmente avec la valeur de la pente, facilite la perception des volumes. Avec la pratique, on peut littéralement voir se dessiner la topographie du terrain à la simple lecture d’une carte.
Comment ajouter l'estompage sur le Géoportail
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Le conseil en plus : pour identifier d’un coup d’œil les points d’altitude les plus bas, on pensera à rechercher les cours d’eau figurant en bleu.
Comment détermine-t-on les altitudes en France ?
Toutes les altitudes de France, jusqu’à celle du Mont-Blanc (4810 m), sont définies par l’IGN à partir du niveau zéro déterminé par le marégraphe de Marseille et ce depuis le milieu du XIXe siècle.
Étape 5 : Interpréter le langage cartographique à l’aide de la légende
Une carte délivre une impressionnante quantité d’informations mais elle ne peut pas se limiter à une simple réduction des éléments présents à la surface de la Terre, au risque de devenir totalement illisible. Alors, en fonction de l’échelle de la carte, la représentation d’une même information peut être plus ou moins simplifiée à l’aide de signes conventionnels ou tout simplement disparaître. On appelle ce procédé la généralisation cartographique. C’est le moment de se reporter à la légende pour comprendre la signification des symboles et couleurs utilisés.
Attention : les éléments de la légende peuvent varier légèrement selon qu’il s’agit d’une carte papier ou d’une carte numérique.
Quels éléments du terrain retrouve-t-on sur une carte ?
Les éléments dessinés sur une carte IGN au 1 : 25 000 se classent en quatre catégories :
la planimétrie relative aux constructions humaines : voies de communication, bâtiments, limites et nature de l’occupation du sol, limites administratives, etc.,
l’hydrographie relative aux eaux et aux écoulements,
l’orographie relative aux reliefs,
la toponymie relative aux noms de lieux.
Les couleurs
Par convention, un code couleurs facilite l’identification des objets cartographiés :
Le noir pour la planimétrie (à noter que les bâtiments apparaissent en marron sur la carte papier),
Le bleu pour l’hydrographie (mers, cours d’eau, zones inondables, étangs, lacs, canaux, glaciers, marais…),
Le vert pour la végétation,
Le bistre (orangé-brun) pour les reliefs,
Le rouge magenta pour les informations touristiques (offices de tourisme, musées, itinéraires de randonnée, gîtes et refuges, campings, etc.),
Le bleu foncé pour les activités nautiques, thermales et liées au ski.
Les symboles
Côté symboles, on distingue :
les éléments linéaires : autoroutes, routes et chemins, itinéraires de randonnées, voies de chemin de fer, fleuves, rivières ou encore courbes de niveau…,
les éléments surfaciques : principalement les zones de végétation comme les bois et broussailles représentés en vert ou les surfaces aquatiques comme les mers, les lacs ou étangs représentés en bleu,
les signes ponctuels conventionnels : un cercle pour une tour, une croix pour un calvaire, un cercle surmonté d’une croix pour une église ou une chapelle, une maison pour un refuge, etc.
Focus thématiques
La végétation
En règle générale, la végétation est représentée par une symbolique surchargée d'une trame de couleur verte. Sur les cartes à grande échelle, le traitement graphique permet de distinguer feuillus, conifères, vignes, broussailles. Les broussailles (ou lande ligneuse) sont représentées par un poncif (motif) sans couleur de fond. Un trait vert épais marque les limites des forêts domaniales et des parcs naturels.
Les routes non revêtues et les « chemins noirs »
Routes non revêtues
Ce sont les pistes et autres routes empierrées qui permettent de circuler en véhicule de tourisme par tous les temps. Elles sont représentées par une double ligne de tirets. Lorsqu’elles sont inaccessibles physiquement, un symbole matérialisant la barrière est ajouté.
Chemins et sentiers
Les chemins sont représentés à l’aide de deux symboles. Les chemins larges, non stabilisés, par défaut inadaptés à la circulation en véhicule de tourisme standard, où l’on peut néanmoins faire passer un véhicule tout terrain (tracteur, 4x4) comme les chemins d’exploitation agricole ou forestière, sont représentés par un trait noir continu.
Les sentes, sentiers, allées ou chemins étroits plutôt adaptés à la circulation piétonne sont figurés par une ligne de tirets.
Les informations touristiques
Les informations touristiques sont symbolisées en magenta et bleu-foncé sous forme de pictogrammes, textes (noms de camping et désignations) et linéaires (itinéraires de randonnées pédestre, équestre, ski de randonnée, liaisons maritimes).
Le bleu-foncé se rapporte à des informations relatives aux activités nautiques, balnéaires, thermales ou liées au ski. Les itinéraires FFRando et Club Vosgien sont quant à eux représentés par des traits continus magenta. Les autres itinéraires de randonnée comme ceux des Plans Départementaux des Itinéraires de Promenade et de Randonnée (présents sur quelques départements seulement) sont figurés par des traits magenta tiretés. Les itinéraires de randonnée du Club Vosgien ont des balisages très spécifiques que l'on retrouve également sur les cartes.
L’hydrographie
Mers, lacs et étangs
On différencie par deux tonalités de bleu les zones d’eau permanente (bleu soutenu) et les zones d’eau temporaire ou marécageuse (différents symboles sur fonds bleu atténué). En bord de mer, la laisse des plus basses mers ou zéro des hydrographes est représentée par un trait bleu. Elle sépare une zone d’eau permanente de la zone de l’estran représenté par un bleu atténué avec différents symboles selon qu’il s’agit de sable, vase, gravier etc. La zone de l’estran est parcourue par la courbe d’altitude 0 figurée en bistre comme les autres courbes de niveau.
Fleuves et rivières
Les fleuves et rivières d'une largeur suffisante sont représentés par un double trait à l'intérieur duquel est imprimé un bleu soutenu lorsqu'ils sont permanents, un symbole sable ou zone inondable lorsqu'ils sont temporaires. Les cours d'eau permanents et les canaux d'irrigation de petite largeur sont représentés par un trait continu, les cours d'eau temporaires par un trait tireté.
Châteaux d'eau
Les châteaux d’eau sont symbolisés par un cercle bleu plein. Les réservoirs visibles sont figurés selon leur forme réelle ou par un symbole ponctuel de teinte bleue. Seules les sources importantes sont représentées par un cercle bleu.
Les informations administratives
Toutes les limites administratives (état, départements, arrondissements, communes) sont marquées par des traits pointillés de couleur noire définis dans la légende. Les préfectures, sous-préfectures et communes sont indiquées par un cartouche rectangulaire placé en général à côté du nom de la commune et contenant l’abréviation correspondante : P - SP – C. Enfin, au-dessus du nom de chaque commune figure sa population en milliers d’habitants.
Vous maîtrisez désormais les rudiments de la lecture de carte pour profiter pleinement et sereinement de vos sorties nature. En route pour vos plus belles escapades !