Plongée aux archives
The "Pink Lady", l’histoire fabuleuse d’un B17 reconverti en avion photographe
Cet avion qui s’illustra au cours de la Seconde Guerre mondiale, en incarnant la puissance libératrice qui a vaincu l’Allemagne, auréola de nombreuses manifestations patriotiques et meetings. Il survola pendant 30 ans les continents pour l’Institut géographique national, réalisant des relevés aériens. C’est la belle histoire du "Pink Lady", ce B17 classé monument historique depuis septembre 2012.
Publié le 30 juin 2020
Temps de lecture : 5 minutes
L’avion arrive le 7 décembre 1954 à Creil dans l’Oise et est immatriculé F-BGSP. Après avoir été modifié avec un appareil photo dans le local radio pour les prises de vues aériennes, l’avion sera l’un des B17 les plus actifs dans toutes les missions de télémesure, photographie, prospection géophysique...
Son point de départ au sein de l’escadrille fut Fort-Archambault (actuellement Sarh, ville du Tchad). Il compte des missions en Afrique du nord, en Afrique Équatoriale, en Afrique Occidentale, à Madagascar, aux Antilles, aux Comores, en Afrique du Sud, sur notre Hexagone, en Nouvelle-Calédonie, aux Nouvelles Hébrides, en Polynésie, en Iran, en Jordanie, à La Réunion, à l’île Maurice, au Chili, en Arabie…
31 m d'envergure
22 m de longueur
15,5 t poids à vide
12 à 16h d'autonomie
250 à 380 km/h vitesse de croisière
1 000 l/h d'essence
Les principaux avions photographes de l'IGN
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Transcription
Pour faire une carte, il faut des prises de vue aériennes, et donc des avions !
Depuis sa création en 1940, l’IGN a fait l’acquisition d’une cinquantaine d’avions pour ses missions photographiques.
Dès la fin de la guerre, six bombardiers NC 701 sont reconvertis en avions photographes car ils disposent d’un nez vitré bien adapté à la prise de vues aériennes. L’un de ces avions sera même démonté, encaissé et acheminé par bateau en Guadeloupe pour une mission cartographique.
A partir de 1946, l’IGN reconvertit aussi neuf anciens bombardiers LéO 45. Ces avions comptabiliseront
4 500 heures de vol en cinq ans de service.
Puis l’IGN rachète quatre légendaires B-17 aux américains… 15 000 $ chacun !
Dans le même temps, l’IGN espère le développement d’un prototype français : l’avion photographe SE-1010. Mais l’avion s’écrase en 1949 marquant la fin du projet.
L’abandon du prototype SE-1010 conduit l’IGN à acquérir dix autres B-17 dont l’ex B-17 personnel du shah d’Iran
qui effectue une malheureuse sortie en bout de piste à Hanoï en 1953.
Un autre B-17, plus chanceux, fait une carrière exceptionnelle à l’IGN… puis au cinéma. Il figure notamment dans
"La grande vadrouille", "Docteur Folamour", "Memphis Belle"…
Alors qu’on le croit à la retraite, l’héroïque B-17 reprend du service le 14 juillet 1984. Il ouvre le défilé
au-dessus de la patrouille de France qu’il prend en photo sur les Champs-Élysées.
1 500 heures de travail seront nécessaires pour le remettre en état de vol… pour ce dernier tour de piste de 45 secondes !
En 1987, une association le prend sous son aile, lui rend ses couleurs d’origine, et le rebaptise "Pink lady".
Notre héros finit sa carrière à la Ferté-Alais après 25 ans de meetings aériens. Classé monument historique en 2012, il pourrait faire son come-back le 8 mai 2045 pour le centenaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Au total, les treize B-17 utilisés par l’IGN comptabiliseront 53 779 heures de vol de 1947 à 1989.
A partir de 1957, l’IGN acquiert aussi 8 Hurel-Dubois 34. On les surnomme les "coupe-papiers volants" en raison de leurs ailes de géant. Cet avion est spécialement conçu pour la prise de vue aérienne. Pratique, il peut transporter 19 tonnes d’équipement ! Comme ces lourdes plaques de verre sur lesquelles sont réalisées les photographies aériennes et que l’on charge à l’aide d’un treuil.
A la fin des années 60, trois Aerocommander 680FL rejoignent la flotte de l’IGN. Ces bimoteurs légers photographient les cinq continents jusqu’en 1987.
L’arrivée du premier Mystère 20 en 1972 donne un vrai coup de jeune à la flotte de l’IGN. Il a même été photographié par hasard sur le dos au-dessus du Mont-Blanc le 14 juillet 1978... grâce à notre talentueux pilote
ex patrouilleur de France !
De 1976 à 1984, les géodésiens de l’IGN utilisent aussi l’Alouette III pour des missions en montagne.
Enfin, deux Beechcraft super king air atterrissent à l’IGN en 1977, puis un troisième en 1993. Ces avions permettent de renouveler les prises de vue avec une résolution au sol de 20 cm, puis 5 cm en 2013. Le king air est le seul avion encore utilisé aujourd’hui à l’IGN.
Mis à jour 11/10/2024