La donnée géographique est aujourd’hui partout : nos smartphones nous fournissent des atlas numériques de poche, les territoires investissent dans la connaissance et des communautés dynamiques, comme OpenStreetMap, ont ouvert la voie à des « géocommuns ».
Au milieu de ce foisonnement, le devoir de l’IGN est de rendre compte des changements brutaux et extrême- ment rapides survenant dans les territoires, dus aux activités humaines. L’objectif est double : fournir les outils de pilotage pour prendre les mesures nécessaires (maîtriser l’artificialisation des sols, surveiller l’évolution des forêts, des côtes, construire des environnements urbains résilients, etc.) et mobiliser la capacité de médiation de la carte. En offrant une visualisation claire des phénomènes qui se jouent, tout un chacun peut adapter ses comportements et contribuer à la transition, à son échelle.
Quand des bouleversements environnementaux vont heurter nos existences, le sens de la mission de l’IGN est de cartographier l’anthropocène. C’est ainsi que nous ferons de nos cartes des alliés précieux pour aider la Nation à se frayer un chemin à travers les défis de notre époque.
Il s’agit pour nous d’une petite révolution qui implique de revisiter les modalités et temporalités de nos cartographies. Il faut passer d’une description statique et générique à une description dynamique et thématique du territoire français. Pour relever ce véritable défi technologique, l’IGN déploie des innovations de pointe issues de ses équipes de recherche pluridisciplinaires et s’appuie sur son école d’ingénieur, l’ENSG-Géomatique, ainsi que sur des industriels et des start-up. L’institut mise sur les méthodes de traitements automatiques offertes par l’intelligence artificielle et enrichit ses capacités d’observation en croisant des sources de données nouvelles. L’IGN développe aussi les techniques de data visualisation et d’UX design pour exploiter le pouvoir de médiation de la carte.
« À l’échelle d’une carte, le monde devient un jeu d’enfant », comme le dit l’écrivain Laurent Graff. C’est donc sous forme d’atlas que l’IGN choisit de présenter un aperçu de ses premières cartes de l’anthropocène. Il faut y associer les nombreux partenaires publics de l’institut, qui en sont souvent à l’initiative afin de préserver ou d’adapter notre territoire face à l’accélération des agressions qu’il subit. Ce document est en outre une sélection qui ne rend pas compte de l’exhaustivité des activités de l’IGN. Cet Atlas est un premier jalon. Il a vocation à devenir un rendez-vous annuel s’enrichissant des projets d’appui aux politiques publiques de l’institut et des innovations.