L'artificialisation des sols

Focus sur les données de l'Atlas IGN des cartes de l'anthropocène (édition 2022)

Intimement liée à la nécessité de développement et d’aménagement des territoires, l’artificialisation des sols menée pour bâtir les villes a aussi des conséquences dommageables sur l’environnement. La réglementation impose désormais de laisser sa chance à la nature et de renaturer les espaces qui peuvent l’être. 

Mesurer « comment la ville avance »

La sobriété foncière est devenue une priorité nationale. Elle repose aujourd’hui sur l’observation, la planification et l’encadrement de la croissance urbaine sur tout le territoire. Une démarche qui demande de disposer de mesures fiables et durables si on veut atteindre à terme les objectifs de « zéro artificialisation nette » (ZAN).

Le référentiel d’occupation du sol à grande échelle (OCS GE) produit par l’IGN pour la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN) porte cette ambition. Il fournit un inventaire de données homogènes sur l’ensemble du territoire métropolitain et des départements et régions d’outre-mer pour mesurer la surface d’occupation des sols et son évolution dans le temps.

L’objectif de ce recueil est d’obtenir une cartographie générale de tout le territoire permettant d’identifier la couverture du sol d’une part et l’usage qui en est fait d’autre part. Une fois croisées, ces deux informations déchiffrent le territoire et, in fine, quantifient l’artificialisation des sols.

Auch (32)

Données d'occupation du sol

Eauze (32)

Données d'occupation du sol 

Auch (32)

Premier jeu de données d'occupation du sol obtenu grâce à la détection automatique par intelligence artificielle.

L'intelligence artificielle : un gain de temps et d'argent

Pour produire ce référentiel, l’IGN mise sur l’intelligence artificielle pour accélérer ses chaînes de production initiales et de mise à jour des données géographiques décrivant l’occupation et l’usage des sols. C’est notamment la puissance des méthodes d’apprentissage profond (deep learning) qui permet de reconnaître automatiquement des objets (bâtiment, arbre, surface de bitume…) contributifs des classes d’occupation des sols sur des images aériennes ou spatiales. Ces processus inédits ont déjà été déployés sur le département du Gers (32), premier département réalisé dans le cadre du dispositif national de mesure de l’artificialisation des sols.

« Nous avons besoin de changer nos imaginaires sur le sol »

Intimement liée à la nécessité de développement et d’aménagement des territoires, l’artificialisation des sols menée pour bâtir les villes a aussi des conséquences dommageables sur l’environnement. La réglementation impose désormais de laisser sa chance à la nature et de renaturer les espaces qui peuvent l’être. Une action qui, pour Karine Hurel*, demande aussi de faire évoluer nos perceptions.
*géographe et cartographe, déléguée générale adjointe à la Fédération nationale des agences d’urbanisme