Les écosystèmes forestiers, maillons essentiels dans le cycle du carbone planétaire
Par le mécanisme de la photosynthèse, les arbres absorbent le gaz carbonique présent dans l’atmosphère, le transforment en glucides et réémettent de l’oxygène. Le carbone assimilé par les arbres est utilisé pour leur fonctionnement métabolique (respiration) et pour leur croissance. Ainsi, les arbres vivants stockent progressivement le carbone dans leurs troncs, leurs branches, leurs racines, leurs fruits et leurs feuilles. Les effets sont durables puisque le CO2 stocké par un arbre reste piégé dans le bois de la germination de la graine jusqu’après la coupe, y compris dans les produits issus du bois.
Comme les océans, les forêts ont donc la possibilité de réduire naturellement la concentration du CO2 dans l’air, l’un des gaz à l’origine de l’effet de serre. Elles présentent un bilan carbone positif quand elles sont en croissance, c’est-à-dire quand la mortalité naturelle, les perturbations naturelles (tempêtes, maladies, sécheresse) et les prélèvements de bois restent inférieurs à la production biologique. En France, les forêts gérées durablement se comportent comme de véritables puits de carbone : elles limitent de manière significative la quantité nette d’émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines. Ainsi, 15 % de nos émissions brutes de gaz à effet de serre sont réabsorbées par nos forêts chaque année (source : CITEPA). En dehors des arbres et des plantes, l’humus, le sol et les arbres morts sont aussi des réservoirs de carbone, tout comme les produits à base de bois que l’on stocke dans nos maisons (charpente, meubles, panneaux, etc.).
Quel bilan carbone des forêts ?
Pour lutter contre le changement climatique, il est fondamental de connaître précisément l’état de nos forêts et leur potentiel de séquestration du carbone.
En charge de l’inventaire forestier national, l’IGN produit chaque année des données statistiques qui alimentent la comptabilité carbone de l’État, notamment pour répondre à la convention cadre de l’ONU sur le changement climatique. En pratique, sur le terrain, les techniciens IGN mesurent le diamètre et la hauteur des arbres pour en déduire leur volume de bois, prélèvent des carottes de bois pour mesurer leur croissance, constatent leur état sanitaire, etc. Ensuite, des modèles convertissent ces données brutes en quantités de carbone capturé ou libéré par les arbres pour l’ensemble de la forêt française. À la demande des autorités publiques, l’IGN contribue au calcul du bilan carbone du domaine forestier national. Ces informations sont nécessaires pour orienter au mieux les pratiques forestières et préparer la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui concrétisera l’objectif d’atteinte de la neutralité carbone de la France en 2050.
Renforcer l’effet puits de carbone par une gestion forestière raisonnée
En appliquant les principes d’une gestion durable et raisonnée des forêts, il est possible de renforcer l’effet puits de carbone.
La plantation d’arbres sur des terrains jusqu’alors non boisés (anciennes terres agricoles délaissées, friches…) et pauvres en carbone fait partie du bouquet des solutions, avec toutefois des effets sur les moyens et longs termes, les arbres mettant quelques décennies à se développer.
À plus court terme, on peut aussi faire en sorte d’adopter des modes de gestion forestière permettant à la filière forêt-bois d’optimiser son bilan carbone. Selon les situations, il peut être préférable de protéger les forêts existantes pour augmenter leur séquestration de carbone. C’est notamment le cas des forêts qui sont particulièrement riches en biodiversité, ou dont le potentiel de production de bois est de toute façon trop faible, ou des forêts difficilement exploitables.
Dans les autres cas, l’exploitation forestière suivie du renouvellement des peuplements contribue à lutter contre l’effet de serre en donnant la possibilité aux forestiers d’adapter les essences aux futures conditions climatiques, et en limitant les risques incendies ou tempête.
De plus, l’utilisation du bois, pour la construction, l’ameublement et l’énergie, présente un double bénéfice en matière d’atténuation du changement climatique : le CO2 piégé dans les produits à base de bois reste stocké pendant toute leur durée d’utilisation, et la production de matériau bois est moins émissive en CO2 que celle d’autres matériaux.
La protection contre les feux de forêt entre aussi dans le cadre des mesures de gestion durable des écosystèmes forestiers. Lors d’incendies de grande ampleur, la combustion du bois libère en effet d'importantes quantités de dioxyde de carbone et peut avoir des conséquences dramatiques sur le climat.
L’adaptation est un autre levier pour lutter contre l’effet de serre sur le long terme car elle permet de réduire la vulnérabilité des forêts face aux pressions climatiques et sanitaires qui s’accroissent.