Résultats 2022 de l’Inventaire forestier national : une forêt française confrontée aux dérèglements climatiques

Communiqué de presse - 21 octobre 2022

L’année 2022 a particulièrement affecté la forêt : à la sécheresse du printemps ont succédé canicule et incendies de l’été, qui ont affecté plus de 70 000 hectares. L’IGN, vigie de la forêt et cartographe de l'anthropocène, publie chaque année les résultats de l’Inventaire forestier national (IFN). Pour 2022, cet état des lieux de la forêt française révèle notamment un accroissement de 54 % de la mortalité sur la dernière décennie, malgré une superficie de forêts qui continue de progresser et une diversité des peuplements qui s'accroît.

L’Inventaire forestier national (IFN) mis en œuvre par l’IGN est le seul outil à décrire l’ensemble des écosystèmes forestiers et la ressource en bois des forêts publiques et privées. Il livre des statistiques essentielles pour avoir un état des lieux précis de la forêt et en mesurer en continu l’évolution. Cette connaissance est indispensable pour l’élaboration et l’évaluation des politiques publiques liées à la forêt. Depuis 2017, l’IFN, labellisé CNIS (garantie de la qualité et de la fiabilité des données), figure parmi les enquêtes à caractère obligatoire, reconnues d’intérêt général et de qualité statistique.

Résultats de l’IFN 2022, les informations à retenir :

1) Une augmentation de 54 % de la mortalité des arbres en une décennie

Elle est liée à la récurrence d’épisodes de sécheresse et de conditions climatiques à la fois difficiles pour les arbres, et propices aux insectes xylophages, notamment les scolytes. L’IGN apporte une attention particulière à ce suivi, afin de détecter l’évolution de cette tendance dans les années à venir.

En France métropolitaine, la mortalité́ annuelle s’élève en moyenne à 11,4 millions de mètres cubes (Mm3/an) sur la période 2012-2020, soit 0,7 m3/ha/an. Au niveau national, rapportée au volume total de bois vivant, cette mortalité en représente 0,4 %. Les forêts des régions Grand Est et Bourgogne-Franche Comté sont les plus touchées par la surmortalité sur la période observée, les moins impactées étant les régions du sud. Les essences d’arbres les plus affectées par une surmortalité sont le châtaignier, l’épicéa commun et le frêne.

Ainsi, sur la période récente, la croissance des arbres est plus faible tandis que prélèvements et mortalité sont en augmentation. Aujourd’hui, le bilan entre la croissance des arbres (5,5 m3/ha/an), la mortalité naturelle des arbres (0,7 m3/ha/an) et les prélèvements de bois par l’Homme (3,2 m3/ha/an) se traduit par une augmentation du volume de la forêt de 1,6 m3/ha/an, soit 25,4 Mm3/an au niveau national. Sur la période 2005-2013, ce bilan était de 2,5 m3/ha/an, soit 41,7 Mm3/an pour la France métropolitaine.

Focus sur l’épicéa commun
Espèce des massifs montagneux de l’est de la France, elle a été́ introduite dans le Massif central, les Ardennes et dans les plaines du Nord-Est où le sol non calcaire et le climat frais lui étaient adaptés. Présente sur 555 milliers d’hectares en France métropolitaine, l’épicéa est la seconde essence d’arbre la plus affectée par la mortalité, due aux maladies. Pour éviter la propagation des bio agresseurs (notamment des scolytes), une pratique répandue des gestionnaires consiste à couper rapidement les arbres malades pour les retirer des peuplements.

2) Une augmentation en continu de la superficie forestière métropolitaine

La surface de la forêt augmente, atteignant 17,1 millions d’hectares en 2021, soit une extension de 21 % depuis 1985. Une tendance constante depuis plus d’un siècle : en 1908, la forêt couvrait 19 % du territoire métropolitain, avec près de 10 millions d’hectares. Elle en couvre plus de 31 % aujourd’hui. Le volume total de bois en forêt s’accroit également de 50 % en 30 ans, atteignant 2,8 milliards de mètres cubes.

Cinq départements ont un taux de boisement inferieur à 10 % : la Manche, la Vendée, la Mayenne, le Pas-de-Calais et les Deux-Sèvres. Quatre départements ont un taux de boisement supérieur à 60 % : la Corse du Sud, les Alpes-Maritimes, le Var et les Alpes de Haute-Provence.

3) Une tendance à l’augmentation de la diversité des peuplements de la forêt française

47 % de la forêt française sont constitués de peuplements pour lesquels une essence d’arbre occupe plus de 75 % du couvert dans l’étage dominant, ils sont appelés «monospécifiques» (51 % en 2017). Les peuplements à deux essences représentent un tiers des peuplements, et ceux à plus de deux essences en représentent 19 %.

La forêt compte une majorité de feuillus (67 % de la superficie forestière, soit 10 millions d’hectares), essentiellement dans les plaines ou à moyenne altitude. Les conifères sont situés en zone montagneuse, dans le massif landais et dans les plantations récentes de l’ouest de la France. Des peuplements mixtes se rencontrent souvent en moyenne montagne ou dans les massifs forestiers accueillant les deux autres types de peuplements (Sologne, Dordogne, Bretagne).

Au niveau régional, les forêts du nord-est de la France et du Massif central sont les plus diversifiées. À l’opposé, le massif landais est un grand massif de peuplements en pin maritime.

Dans un contexte de mutation accélérée des écosystèmes forestiers et à l’heure de la transition écologique et énergétique, le suivi des forêts avec l’inventaire forestier national est essentiel, pour connaitre précisément les ressources en bois et mesurer l’évolution des forêts et leurs rôles, notamment ceux de piégeage du carbone et de réservoir de biodiversité.

Contacts presse
Julie Dardelet  - servicepresseign@ign.fr - Tél 06 33 85 96 83

Mis à jour 21/10/2022