Communiqué de presse - 8 décembre 2021
Alors que l’observation des changements rapides du territoire et des conséquences sur notre environnement - en particulier forestier - est plus essentielle que jamais, l’IGN publie, comme chaque année, les données de l’Inventaire forestier national. Avec environ 190 espèces d’arbres recensées regroupées en 70 essences et plus de 200 000 relevés floristiques, rappelons que l’inventaire est le seul outil à décrire l’ensemble des écosystèmes forestiers et la ressource en bois des forêts publiques et privées. Ces dernières années, même si la surface forestière augmente, la croissance des arbres victimes de conditions climatiques et sanitaires de plus en plus agressives ralentit, et leur taux de mortalité s’accroît.
Surface, volume de bois, essences, prélèvements, mortalité, etc. des forêts publiques et privées de métropole, l’Inventaire forestier national est l’outil public mis en œuvre sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation pour connaître la forêt de manière experte et neutre, indépendamment de la gestion des forêts, et sur l’ensemble du territoire national. Il est produit à partir de mesures collectées sur 14 000 placettes d’observation pour les données annuelles d’inventaire, et à partir de 70 000 placettes d’observation, pour celles du Mémento de l’inventaire forestier, synthèse des campagnes menées sur cinq ans.
Des forêts au trois quarts privées : les trois quarts de la forêt française métropolitaine (12,7 millions d’hectares) appartiennent à des propriétaires privés. La forêt publique représente l’autre quart. Elle se répartit entre les forêts domaniales (1,5 million d’hectares) et les autres forêts publiques essentiellement communales (2,8 millions d’hectares). Dans l’ouest de la France la part de la forêt privée est nettement plus élevée que la moyenne nationale, elle dépasse même 90 % dans les régions Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine et Bretagne.
Le 3ème stock de bois européen : la forêt française constitue une importante ressource renouvelable composée à 64 % de feuillus, dont 44 % de chênes (pédonculés, rouvre, pubescent et vert). Elle représente le 3e stock de bois européen derrière l’Allemagne et la Suède. Un stock de bois sur pied qui a connu une très forte progression sur une trentaine d’années, passant de 1,8 milliard de mètres cubes en 1985 à 2,8 milliards de mètres cubes aujourd’hui, soit une croissance de presque 50 %. Aujourd’hui, les résultats de la campagne 2020 confirment un ralentissement récent de l’augmentation de ce volume de bois sur pied.
Une mortalité des arbres en forêt en hausse : pour dresser le bilan de santé des forêts françaises, les experts de l’inventaire forestier de l’IGN et du Département de la santé des forêts (DSF) du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation observent en continu et produisent divers indicateurs dont le stock d’arbres morts (de moins de cinq ans) et la mortalité des branches dans le houppier des arbres (branches situées autour de la cime). En moins de dix ans, la mortalité des arbres a augmenté de 35 %. Sur la période 2005-2013, 7,4 millions de m3 sont morts en moyenne chaque année. Sur la période 2011-2019, cette mortalité annuelle moyenne s’élève à 10,0 millions de m3, notamment à cause de crises sanitaires liées à des conditions climatiques difficiles pour les arbres (succession de sécheresses) propices à l’expansion géographique de bioagresseurs, en particulier les insectes xylophages comme les scolytes ou les champignons comme la chalarose. Ainsi, le châtaignier (principalement dans le Sud-Ouest et sur le pourtour du Massif central), le frêne (dans le grand quart Nord-Est), le pin sylvestre et l’épicéa commun (dans les régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et, dans une moindre mesure, en Auvergne-Rhône Alpes) sont les essences qui présentent les plus forts taux annuels moyens d’arbres morts de moins de cinq ans.
Une croissance des arbres en baisse : le stress hydrique a également une forte influence sur la croissance des arbres qui s’en trouve diminuée. Ainsi, en moins de dix ans, la croissance des arbres affiche une baisse de 3 % : sur la période 2005-2013, la production biologique était de 91,5 millions de m3 en moyenne par an, alors que sur la période 2011-2019, la production atteignait en moyenne 88,8 millions de m3 par an.
Prélèvement de bois en hausse : ces dernières années, si davantage de coupes ont été réalisées pour des raisons sanitaires (hausse des maladies), il n’est cependant pas possible, pour l’Inventaire, d’en quantifier la part chiffrée. Le constat global est qu’en moins de dix ans, le volume de bois coupé en forêt a augmenté de 18 %. Sur la période 2005-2013, 42,4 millions de m3 étaient coupés en moyenne chaque année. Sur la période 2011-2019, les prélèvements annuels moyens sont de 50,1 millions de m3.
Focus sur les essences secondaires : les acteurs de la filière forêt/bois s’intéressent de plus en plus aux essences secondaires qui représentent une part non négligeable de la ressource forestière (15 %). Pour mieux les mettre en valeur, le Mémento produit cette année un focus sur la répartition cartographique de ces essences comme par exemple le merisier recherché par les ébénistes et le pin d’Alep particulièrement présent sur le pourtour méditerranéen.
Amélioration de l’accessibilité de l’Inventaire forestier
« DataIFN », pour une accessibilité plus simple aux données de l’Inventaire forestier avec possibilité de visualisation et de téléchargement personnalisable, sera disponible sur le site de l’inventaire forestier dès le 8 décembre.
Les évolutions mises en évidence par ces résultats peuvent participer à un diagnostic utile à l’ensemble des pouvoirs publics et de la filière, notamment dans le cadre des travaux des Assises de la forêt et du bois conduits par Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie et Bérangère Abba, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la Biodiversité.